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1604. juin.

Advint que, en l’an 1595, Mr  de Schomberg, estant redevable a mon pere de la somme de 32000 escus, offrit a mon pere que, s’il vouloit prendre cette somme sur le roy, et en surcharger encores les terres de Saint-Sauveur, qu’il feroit adjouster encores par le roy vingt et quattre mille livres de plus, quy estoint deues a feu mon pere pour restes de payements de reitres, les quelles 24000 estoint, en bonne forme, desclarées dettes de la couronne. Feu mon pere, pour sortir d’affaires avec Mr  de Schomberg, quy en ce temps la n’estoit pas bien dans les siennes, et pour estre payé de ce reste dont il n’estoit point assinné, accepta ce parti, et eut les expeditions necessaires pour ce dernier surengagement, quy furent verifiées au parlement comme les autres. Et lors on advertit feu mon pere qu’il estoit besoin de les faire aussy verifier aux chambres des comptes de Paris et de Rouan : ce que voulant faire, et de celle aussy des quarante mille escus precedents[1], la chambre en refusa la verification : et bien que ma mere, depuis sa viduité, en eut obtenu diverses jussions, elle n’y peut parvenir.

Il arriva qu’en l’année 1601, le duc de Wirtemberg poursuivant le remboursement de quelques sommes d’argent qu’il avoit prestées au roy pendant la guerre, on luy dit qu’il cherchat luy mesme les moyens de se faire payer, par l’invention de quelque parti, ou la descouverte de quelques terres quy ne fussent encores engagées, ou quy le fussent a sy bas prix que l’on luy peut surengager pour plus grande somme ; a quoy son

  1. Les quarante mille écus du premier surengagement.