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journal de ma vie

resident, nommé Bunichhause, quy y travailloit, fut aydé par le procureur general de la chambre des comptes de Rouan, nommé le Menil Basire, quy luy promit, moyennant dix mille escus, qu’il luy fourniroit des engagements suffisants pour sa somme, et que, s’il le vouloit introduire cheux Mr  de Rosny, qu’il luy desclareroit : ce que Bunichhause ayant fait, il dit au marquis de Rosny que nous tenions les domaines de Saint-Sauveur le Viscomte, de Lendelin, et de Nehou, pour soissante mille escus, et qu’il estoit porté par le contract, que, sy les dittes terres n’estoint de trois mille escus de revenu, le roy s’obligeoit de payer ce qu’il y manqueroit sur la recepte generale de Caen ; ce quy faisoit reciproquement en faveur du roy, que sy les terres valoint davantage, que le surplus devoit estre restitué au roy : par ainsy, sy le roy se vouloit faire justice a luy-mesme, non seulement il seroit quitte du premier engagement de 180000 livres, mais encores du deuxieme de 120000 livres, et du dernier de pareille somme de 120000 livres ; et que, par la supputation qu’il en avoit faitte, nous demeurerions redevables de plus de 60000 livres au roy, quand bien S. M. nous compteroit les 180000 livres actuellement desboursees par nous[1], a dix pour cent ; veu que, des autres sommes quy estoint de dettes de service, quy n’estoint et ne pouvoint estre verifiées en engagement de domaine, le roy n’estoit obligé a aucun interest.

Mr  de Suilly prit cet avis avec applaudissement, et

  1. C’est-à-dire : réellement versées ; il s’agit ici des 180000 livres ou des 60000 écus de la dot.