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1604. septembre.

Gordes[1], Saint-Luc, Sainte-Marie-du-Mont, Richelieu[2], et moy, courusmes ensemble.

Le roy estoit dessus cette grande terrasse devant la court du cheval blanc, quand nous arrivasmes, et nous y attendit, me recevant avesques mille embrassades ; puis me mena en la chambre de la reine sa femme, quy logeoit en la chambre du bout, regardant sur l’estang ; et fus bien receu des dames, quy ne me trouverent point mal fait pour un Allemand inveteré d’une année dans le païs. Il me presta ses chevaux pour courre le cerf le lendemain quy estoit le jour de Saint-Bartelemy, 24me d’aust : il ne voulut point courre ce jour, auquel a pareil il avoit couru tant de fortune autrefois. Apres la chasse je le vins trouver a la salle des estuves, ou nous jouames au lansquenet avesques la reine et luy.

Je devins lors amoureux d’Antragues[3], et l’estois encores d’une autre belle dame. J’estois aussy en fleur de jeunesse, et assés bien fait, et bien gay.

Septembre. — Le roy devint amoureux de la com-

    premières noces d’Antoine de Blanchefort-Créquy. Il mourut le 1er janvier 1609.

  1. Guillaume de Simiane, baron, puis marquis de Gordes, fils de Balthasar de Simiane, baron de Gordes, et d’Anne de Saint-Marcel, fut capitaine des gardes du corps de la compagnie écossaise. Il mourut en 1642.
  2. Henri du Plessis, seigneur de Richelieu, fils de François du Plessis, seigneur de Richelieu, et de Susanne de la Porte, fut tué en duel en 1619 par le marquis de Thémines. Il était frère aîné du cardinal de Richelieu.
  3. Marie de Balsac d’Entragues, sœur de la marquise de Verneuil.