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notice historique

rent à son sort, et leurs vers, s’ils sont moins connus de la postérité que les vers du fabuliste aux Nymples de Vaux, n’attestèrent pas moins la reconnaissance courageuse de ceux pour lesquels le maréchal avait sans doute été un Mécène.

Le poète Maynard s’attira la défaveur du cardinal de Richelieu par sa fidélité au maréchal de Bassompierre et au comte de Cramail.

Malleville adressa à Richelieu une élégie dans laquelle il demandait la liberté du maréchal, et, par un artifice poétique, se plaignait de ne pouvoir louer convenablement le cardinal pendant que son maître et son protecteur languissait en prison. Bassompierre, disait-il,


Bassompierre est captif, et durant sa disgrace
J’aurois tort d’aspirer aux faveurs du Parnasse.
Aussi-tost qu’il fut pris, mon cœur le fut d’ennuy,
Et ma langue liée a mesme heure que luy.
Si parfois ta vertu sollicite ma plume,
Sa douleur attiédit le beau feu qui m’allume,
Et mon bras, partageant ses chaisnes et ses fers,
N’a plus de mouvement pour écrire des vers.


Et il commençait ainsi le récit des hauts faits de son héros :


Tu sçais que Bassompierre, aussi vaillant qu’un Dieu,
A fait des actions dignes d’un autre lieu,
Et que ses qualitez qui n’ont point eu d’exemples
Au lieu d’une prison mériteroient des temples.
Tu sçais qu’en le tirant de la captivité
A tous les gens d’honneur tu rends la liberté,
Que chacun le désire, et que sa délivrance
Est un des biens publics que tu dois à la France.


Cependant, pour tromper l’ennui de la captivité, on cherchait à la Bastille à se donner quelques divertissements, et Bassompierre, toujours galant malgré son âge, eut, dit-on, une liaison avec Mme de Gravelle, prisonnière comme lui.