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1605. septembre.

sœur estoit arrivée peu de jours avant moy a Paris, cheux laquelle je vins loger, et demeuray huit ou dix jours sans m’y ennuyer. La presidente de Verdun[1] y estoit nouvellement arrivée avesques sa niece Maupeou[2], avesques quy je m’apprivoysay. J’estois voysin de la Patriere quy estoit de mes amies.

Je rompis avec Antragues sans y conserver aucune intelligence, et puis j’allay, avesques bonne compagnie de dames, passer deux jours a Savigny cheux la comtesse de Sault[3], apres lesquels je m’en allay a Orleans la veille de la grande eclipse[4] de soleil quy fut cette année là.

Je vis en passant Mr  le chancelier de Bellievre a Artenay, quy avoit laissé les sceaux, en partant de

    sin et le Périgord, et préparaient des mouvements à main armée dans ces provinces.

  1. Charlotte du Gué, première femme du président de Verdun.
  2. Les précédentes éditions portaient : sa mère Maupera, au lieu de : sa nièce Maupeou. Il était bizarre que le jeune Bassompierre s’apprivoisât avec la mère d’une présidente.
  3. Chrestienne d’Aguerre, fille de Claude d’Aguerre, baron de Vienne, et de Jeanne de Hangest ; mariée : 1o à Antoine de Blanchefort-Créquy ; 2o à François-Louis d’Agoult de Montauban, comte de Sault ; morte en 1611. La comtesse de Sault fut « cette héroïne si renommée dans les histoires de Provence, qui porta presque toujours le bonheur et la victoire dans son party, quoy qu’il ne fut pas toujours le plus juste ; qui fit si souvent la bonne ou la mauvaise fortune du duc de Savoye en Provence ; et qui donna des marques d’une vertu héroïque et d’un grand courage en plusieurs occasions. » (Guy Allard, Histoire généalogique des familles de Bonne, de Créquy, etc.)
  4. L’éclipse eut lieu le 12 octobre, à une heure du soir. Il faut en conclure, malgré les dates marginales du manuscrit, que Bassompierre n’alla rejoindre le roi que dans le courant d’octobre.