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1606. mai.

Villiers Costerets[1], ou le roy se trouveroit le lendemain, pour estre porteur d’une autre despeche qu’elle feroit a son mary sur ce sujet, et de la nouvelle, ainsy que je luy avois ditte : ce que je fis, et pris la response de la lettre que j’avois donnée a madame de Verneuil, et [de] celle que madame de Moret n’avoit point receue, quy se rioit avesques le roy de cette affaire et de l’apprehension ou j’avois esté, lequel ne fit qu’en rire ; dont je fus bien ayse, et m’en revins a Paris voir ma maitresse, quy estoit logée en la rue de la Coustellerie, ou j’avois une entree secrette par laquelle j’entrois au troisieme etage du logis, que sa mere n’avoit point loué ; et elle, par un degré desrobé de sa garde-robbe, me venoit trouver lors que sa mere estoit endormie.

May. — Le roy fit, a peu de jours de la, son entrée par la porte de Saint-Antoine a Paris, ou il luy fut tiré quantité de canonnades par resjouissance. Il voulut que Mr  de Boullon marchat immediatement devant luy : ce qu’il fit, mais avec une telle asseurance et audace, que l’on n’eut sceu juger sy c’estoit le roy quy le menoit en triumphe, ou luy le roy, quy demeura quelques jours a Paris, puis s’en alla a Fontainebleau. Et comme il estoit amoureux d’Antragues, et Mr  de Guyse, comme plusieurs autres aussy, quy avoint tous jallousie de moy qu’ils pensoint estre mieux avec elle, ils complotterent tous de me faire espier pour voir sy j’entrois en son logis, et sy je la voyois en particulier ; et le roy

  1. Villers-Cotterets, chef-lieu de canton, arrondissement de Soissons, département de l’Aisne.