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et bibliographique.

l’avoir leue deux fois dit : Je ne veux point que l’on capitule avec moy, et le marechal de Bassompierre est un des premiers qui m’a dit que je ne le devois pas faire ; s’il ne se fut resolu d’aller à Tillieres, je l’aurois laissé dans la Bastille où il se fut nourry à ses dépens. Je gagne par leur sortie quarante-cinq mille livres par an. Ouy, sire, respondit Saint Luc, et cent mille benedictions[1]. »

« Mardy 28 janvier... M. le marechal de Bassompierre est party ce matin de Chaliot pour estre demain à Tillieres. »

« Du 11 mars... M. le mareschal de Bassompierre s’ennuye de telle sorte à Tillieres qu’il tesmoigne se repentir d’estre sorty de la Bastille et d’avoir suivy en cela le conseil de ses amis. »

Quelques mois après, et bien peu de temps avant sa mort, Louis XIII autorisa le comte de Cramail et les maréchaux de Vitry et de Bassompierre à reparaître à la cour.

Douze ans s’étaient écoulés depuis que Bassompierre était entré à la Bastille ; pendant ce long espace de temps bien des choses avaient changé : la régence d’Anne d’Autriche inaugurait maintenant une cour nouvelle. Bassompierre, avec ses anciennes habitudes de magnificence et de galanterie, y parut un peu vieilli : toutefois, dans l’opinion de Mme de Motteville, « les restes du maréchal de Bassompierre valaient mieux que la jeunesse de quelques uns des plus polis de ce temps là. » Ces jeunes gens formèrent la cabale des Importants dont le règne éphémère se termina par l’emprisonnement du duc de Beaufort. À cette cabale appartenait le marquis de la Châtre, qui avait eu la charge de colonel général des Suisses après M. de Coislin, successeur du maréchal de Bassompierre. Il fut obligé de s’en défaire, et le maréchal en

  1. Le roi écrivit ce même jour à Bassompierre une lettre favorable, au sujet de laquelle le maréchal adressa ses remerciments à Chavigny, la considérant comme « un pur ouvrage de sa bonté. »