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1609. aout.

luy eut donné moyen de se resoudre ; mais vous l’avés plus embarrassé qu’auparavant, et je crois que, sy vous ne luy eussiés donné qu’un seul conseil, il l’eut suyvi, parce qu’il veut suyvre tous les quattre, ne sachant lequel choysir. Je l’ay laissé en cette incertitude, penchant neammoins sur le troisieme avis, quy est d’accepter la semonce, mais de la tenir secrette jusques a ce qu’il soit temps, et que cependant, quy a temps a vie, il y pourra arriver tant de choses, que les affaires prendront quelque biais que ny vous, ny nous, n’eussions pas peut-estre pensé. Il m’a commandé encor, en partant, de vous dire qu’il vous recommandoit le secret, et que vous vous pouviés disposer de partir dans deux jours ; car demain, sans remise, il resoudroit sa response, et vostre despesche, laquelle seroit seulement verbale, relative sur la lettre qu’il escriroit au roy, en response de la sienne, quy n’avoit aussy esté que de creance. »

Je dis lors au dit president que j’avois charge expresse du roy de donner à S. A. la demande que je luy avois faite, escrite et sinnée de ma main, quy estoit desja toute preste a ma chambre ; mais qu’il vouloit aussy que sa response fut sinnée de la sienne, et que, pour plusieurs raysons, je ne la pouvois pas prendre autrement ; que l’affaire estoit de consequence, sujette a desaveu ; que j’estois jeune, et nouveau ministre, quy, outre cela, estois vassal de S. A., quy serois aysement soupçonné d’avoir adjouté ou diminué, supprimé ou inventé quelque chose en l’affaire, et que je n’estois pas homme pour faire appeller S. A. au combat, quand elle voudroit nier ce qu’elle m’auroit donné charge de dire de sa part : c’estoit pourquoy je vou-