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1610. janvier.

qu’il en fut asprement sollicité de tous costés. En fin la mort du duc de Cleves l’ayant un peu esbranlé, la protection que l’archeduc donna a Mr  le Prince, le jetterent tout a fait a accomplir le traitté de Savoye, et attaquer en mesme temps, avesques une puissante armée, les Païs Bas : a quoy luy arriva de surcroit la prise de Juliers par l’archeduc Leopold[1], quy y entra comme commissaire de l’empereur ; ce que le roy trouva de telle importance, qu’il se resolut de tirer cette place des mains de la mayson d’Austriche, le roi d’Angleterre concourant a mesme dessein.


1610.
Janvier.


Voyla ce quy se passa sur cette affaire jusques au commencement de l’année 1610 en laquelle monsieur le grand duc[2], comme amiable compositeur, quy apprehendoit les guerres en Italie, quy craignoit, s’il demeuroit neutre, qu’il seroit fourragé de l’un et de l’autre party, et que, s’il se desclaroit, il ne fut ruiné, s’employa en diverses negociations de tous costés, pour empescher une rupture ouverte. Il envoya en diligence le marquis Botty[3] en Espaigne ; et, y ayant

  1. Léopold, archiduc en Tyrol, troisième fils de Charles, archiduc en Styrie, et d’Anne de Bavière, né en 1584, mort le 17 septembre 1632, était cousin-germain de l’empereur Rodolphe II, alors régnant, et de l’archiduc Albert.
  2. Le grand duc de Toscane alors régnant était Cosme II, fils aîné de Ferdinand Ier et de Christine de Lorraine, cousin-germain de la reine, né en 1590, mort le 28 février 1621.
  3. Le marquis Botti di Campiglia.