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journal de ma vie.

trouvé toutes choses disposées a la paix, il le fit repasser par la France pour moyenner un bon accommodement, mesmes avec esperance de rendre madame la Princesse, et que l’on conviendroit d’un tiers pour la deposition de Juliers, le roy consentant mesmes le duc de Saxe[1] : mais comme c’estoit un païs catholique, l’Espagnol n’y voulut consentir. En fin le marquis Botty demanda au roy s’il se contenteroit qu’il fit ouverture de me mettre le depost de Juliers en main, pourveu que je prestasse serment a l’empereur, lequel consentiroit que j’en prestasse pareillement au roy, de ne m’en point dessaisir qu’avesques son consentement, a quoy le roy s’accorda volontiers ; mais la response n’en vint qu’apres le deces de Sa Majesté, laquelle cependant continuoit les preparatifs d’une grande et forte guerre pour le printemps prochain. Elle despescha Mr  le mareschal des Diguieres en Dauphiné pour preparer toutes choses pour son passage au renouveau : elle le fit son lieutenant general sous Mr  le duc de Savoye, Mr  de Crequy colonel de son infanterie, et moy de sa cavalerie legere ; ce qu’il fit de sy bonne grace, un soir que j’y pensois le moins, que je m’en sentis doublement obligé. Il me donna quand et quand une compagnie de cent chevaux-legers, dont

  1. Christian II, fils de Christian Ier et de Sophie de Brandebourg, électeur de Saxe, de la branche Albertine. La maison de Saxe avait sur la succession de Clèves et Juliers des prétentions fondées sur d’anciennes concessions impériales, et fortifiées pour les princes de la ligne Ernestine par les droits qu’ils tenaient du mariage de Sibylle de Clèves avec l’électeur Jean-Frédéric, le Magnanime.