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journal de ma vie

gendre[1], pour luy faire tourner teste avec six mille Suisses quy estoint en Champaigne, et dont il estoit colonel general, et marcher droit a Paris : ce quy fut depuis un des pretextes que l’on prit pour l’eslongner des affaires ; joint a ce qu’il ne peut jammais estre persuadé par Mrs  de Pralain et de Crequy, quy le vindrent semondre[2] de se presenter au roy comme tous les autres grands, et n’y vint que le lendemain, que Mr  de Guyse luy amena avesques peine : apres quoy il contremanda son gendre avesques les Suisses, quy s’estoient desja advancés une journée vers Paris.

Mr  d’Espernon quy, apres avoir mis l’ordre necessaire aux gardes françoises devant le Louvre[3], estoit venu baiser la main du roy et de la reine sa mere, fut envoyé par elle au parlement, representer que la reine avoit des lettres de regence expediées du feu roy quy pensoit partir pour aller en Allemaigne ; que son intention avoit une autre fois esté, lors qu’il fut sy mal a Fontainebleau, de la desclarer regente apres sa mort ; qu’il luy appartenoit plustost qu’a tout autre ; que l’urgence de l’affaire presente requeroit d’y pourvoir promptement, et qu’il estoit du bien de l’estat qu’ils en deliberassent promptement : ce qu’ils firent, et la

  1. Henri, duc de Rohan, avait épousé, le 7 février 1605, Catherine de Béthune, fille du duc de Sully, et de Rachel de Cochefilet, sa seconde femme. Il était colonel-général des Suisses depuis la même année 1605.
  2. Semondre, inviter.
  3. Le duc d’Épernon était colonel-général de l’infanterie française.