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journal de ma vie

de vous parler franchement, je le feray avesques le respect et la soumission que je dois, et vous diray que ce singulier effet d’amitié que vous dittes avoir fait paroistre a Mr de Guyse, ne m’a pas beaucoup apparu en cette occasion, et moins encores cette neutralité que vous me proposés. Car il ne s’est fait que la seule action d’aller trouver [la reine pour luy demander justice de Mr de Guyse, en laquelle vous estes venu trouver][1] Mr le Comte en son logis pour luy accompagner ; vous l’avés presenté, et avés comme souscrit a la requeste : vous avés esté plusieurs fois trouver Mr le Comte, et vous n’avés pas mis le pied dans l’hostel de Guyse. Vous me dirés peut estre que Mr le Comte est vostre oncle ; aussy l’est bien Mr le prince de Conty, et ayné de Mr le Comte ; quy[2] est venu loger a l’hostel de Guyse, quy est celuy quy a la querelle avec son frere, et non Mr de Guyse quy, non a dessein (comme il est prest d’affirmer), mais parce que c’estoit son chemin ; non avesques ostentation, car il n’avoit que ses domestiques, a passé, non devant la porte, mais a un coin du logis de Mr le Comte : quy est tout ce en quoy il a peu contrevenir au respect qu’il doit aux princes du sang, lequel il gardera toujours, jusques a ce que son honneur n’y soit point engagé, ny sa personne oultragée. »

« Que Mr de Guyse tiendra toujours a honneur que Mr le Prince se mesle de l’accommodement, et le tient sy juste qu’il[3] ne voudra rien proposer quy puisse

  1. Inédit.
  2. Il s’agit du prince de Conti.
  3. Il, le prince de Condé.