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1613. janvier.

nombre de deux quy ne plaisoint pas a la reine, elle aima mieux rompre la ceremonie que de les y admettre. Ainsy nous n’eumes point l’ordre. Sy eus bien moy celuy de l’accolade le samedi 28me de decembre[1], et finis mon année avec cette bonne bouche.


1613.
Janvier.


Celle de 1613 commença par la mort du baron de Lus, tué le 5me de janvier a midy, en la rue Saint-Honoré, par Mr le chevalier de Guyse[2] ; dont la reine fut extreordinairement courroucée. J’allay en mesme temps au Louvre ou je la trouvay pleurant, ayant

  1. L’éditeur des Historiettes de Tallemant des Réaux a cru voir dans ce passage une allusion à quelques sentiments supposés de la reine pour Bassompierre (t. III, p. 347). Je crois que l’on doit l’entendre dans son sens le plus naturel, c’est-à-dire qu’en dédommagement de l’ordre du Saint-Esprit, Bassompierre reçut l’ordre de l’Accolade, qui n’était autre chose que l’ancienne chevalerie. L’accolade n’était pas encore tombée en désuétude à cette époque. — Le samedi était le 29 décembre.
  2. François-Alexandre-Paris de Lorraine, chevalier de Guise, fils de Henri de Lorraine, duc de Guise, et de Catherine de Clèves, né posthume en 1589, tué par l’éclat d’un canon le 1er juin 1614.
    S’il en faut croire Tallemant des Réaux (t. I, p. 368), le chevalier de Guise « tua un peu en prince, et à la manière de son frère aisné, le baron de Luz ; car il ne luy donna pas le tems de descendre de son carrosse ; et ce bonhomme avoit encore un pié dans la portière. » Mais il faut dire qu’un récit fait au moment même par le chevalier et consigné dans une lettre de Malherbe, et une autre lettre de Malherbe, datée du 5 janvier, présentent le fait sous un jour moins fâcheux pour lui. (Œuvres de Malherbe, t. III, pp. 267 et 275.).