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préface de l'édition de 1665

estant vray que sur la fin du regne de Henry IV et pendant la vie de Louis XIII il n’y a point eu de courtisan qui ait eu plus de part aux intrigues de la cour que le mareschal de Bassompierre, jusqu’à ce que son emprisonnement l’eut mis hors d’estat d’agir. Pour ce qui est de la fin de sa vie, je croy en devoir dire un mot, pour donner un peu de lumière à ce que l’auteur tasche de déguiser, quand il parle du sujet de sa disgrace et de son emprisonnement. Il avoit des liaisons fort estroites avec le duc de Guise, et avec la princesse de Conty, sa sœur, partisans déclarés de la Reine mère, Marie de Medicis, et ennemis du cardinal de Richelieu, auquel cette amitié le rendoit fort suspect. Mais ce qui l’acheva de ruiner dans l’esprit de ce cardinal, ce fut que lorsque le Roy defunct fut malade à l’extremité à Lion, le cardinal pria le mareschal de Bassompierre de luy asseurer les Suisses, dont il estoit collonel general, en cas que le Roy vinst a mourir. Ce que M. de Bassompierre ne voulut pas faire, et dit qu’il faloit que Son Eminence employast pour cela M. de Villeroy, gouverneur de la ville ; lequel y pourroit estre disposé par le moyen de M. de Chasteauneuf, son cousin germain, et alors confident du cardinal. De sorte que le Roy estant revenu de cette maladie, le cardinal se souvint de la mauvaise volonté que M. de Bassompierre luy avoit tesmoignée, et le fit arrester. Il demeura prisonnier jusques apres la mort du cardinal de Richelieu, au mois de décembre 1642. Après le decès du feu Roy il rentra en la fonction de sa charge de collonel general des Suisses ; et pendant les premieres années de la regence la Reine luy fit beaucoup de bien. Il ne vit pas les dernieres, parce qu’en l’an 1646, estant allé faire un voyage en Brie, et estant dans une des maisons de M. de Vitry, on le trouva suffoqué par un catarre. Les dames, qui ont aidé à le ruiner, l’ont regretté, quoiqu’il soit mort bien