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journal de ma vie

n’avoint jammais respiré que son service, ils continueroint jusques a leur dernier souspir a la servir ; que, quand la reine les avoit eslongnés, ils s’estoint contenus, sans s’appuyer ny approcher de personne, attendant que leur service fut agreable ou utile a Sa Majesté, a laquelle ils le vouoint de nouveau avesques un vray zele et sincere affection ; qu’ils se verroint demain tous trois ensemble cheux monsieur le chancelier, et puis en suitte, pour ne point esclater le dessein de la reine, un d’eux se trouveroit, comme par hasard, en quelque lieu auquel la reine peut parler et resoudre avesques luy ce qu’il luy plairoit d’ordonner aux deux autres ; qu’il leur sembloit que Mr  le president Jannin seroit le plus propre pour l’aller trouver, comme le moins suspect ; qu’il leur sembloit aussy que le lieu de Luxembourg n’estoit pas mal a propos, auquel la reine va ordinairement pour voir commencer son bastiment et planter ses arbres ; que s’il plait a Sa Majesté que ce soit en quelque autre lieu, elle leur fera sçavoir par le chevalier de Sillery, ou bien que je leur manderay.

Ainsy je sortis par la porte de l’escurie de l’hostel de Villeroy, et m’en vins manger et coucher a mon logis. J’escrivis amplement a la reine tout ce quy s’estoit passé en nostre conférence pour l’oster de peine, et envoyay querir le lendemain matin Sauveterre[1], a quy je mis ma lettre en main pour la donner a la reine pendant qu’elle s’habilleroit.

Je m’en allay cependant de bon matin cheux Beauvilliers, ou je trouvay Mr  Zammet desja arrivé, lequel je

  1. Sauveterre était huissier du cabinet du roi.