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1613. mai.

de parole, qu’il n’en vouloit pas manquer a ses amis, avesques lesquels la reine l’avoit lié ; que l’affront qu’elle avoit fait au marquis de Cœuvres s’adressoit a luy, et que, pour son honneur, il ne le pouvoit abandonner ; qu’il n’iroit point a la court qu’il ne l’amenat. Je luy parlay en suitte un quart d’heure fort franchement comme son amy, et luy fis connoistre le tort qu’il avoit en son proceder, et il se remit aucunement : seulement me pria-il d’escrire a sa femme, et de luy mander qu’il estoit resolu d’aller jeudy a la court, suyvant l’ordre qu’il en avoit receu de la reine ; seulement pour sa reputation il luy importoit d’amener le marquis de Cœuvres avesques luy, et qu’elle fit aggreer a la reine qu’il l’amenat, et qu’il la suppliat[1] de le voir ; apres cela, que la reine n’en feroit que ce qu’elle voudroit, et que, par ce moyen, il se seroit desgagé de ce qu’il devoit, en cette occasion, a son amy. Je fis ma despesche a l’heure mesme devant luy, et fis partir Lambert aussy tost pour la porter, lequel revint le lendemain matin, avec l’acquiescement ; dont le marquis d’Ancres fut fort satisfait.

Il partit donc le jeudy avesques le marquis de Cœuvres, et moy je n’arrivay a Fontainebleau que le samedy au soir[2]. Je rendis compte a la reine de ce qu’elle m’avoit commis, et entre autres choses, je luy donnay des vers de la main de Porcheres, [aussy bien que de son esprit][3]. Elle se prit a rire, et me dit :

  1. Il y avait dans les éditions précédentes : supplioit, ce qui altérait le sens de la phrase.
  2. Le jeudi 23 mai. — Le samedi 25.
  3. Inédit.