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1614. juin.

Ventadour et president Jannin, quy estoint commissaires du roy pour traitter avec eux, m’escrivirent que la reine avoit besoin de mon service pres d’elle, et qu’a mon arrivée elle me diroit pourquoy c’estoit. Je m’y en allay en diligence, et elle m’en dit la cause.

Je demeuray peu de jours a Paris sans que la paix fut conclue[1], en laquelle on donna a Mr  le Prince le chasteau d’Amboyse pour place de seureté ; les Suisses furent mis en garnison a Sesanne[2] et a Barbonne en Brie (juin), ou je les vins trouver et demeuray quelques jours avesques eux a faire bonne chere[3].

Je receus là la nouvelle de la mort du chevalier de Guyse tué aux Baux, chasteau de Provence, de l’esclat d’un canon quy creva comme luy-mesme y mettoit le feu. Messieurs ses parens en furent extremement affligés[4] : j’allay a Paris les voir, et y demeuray quelques jours pendant lesquels mon cousin le comte reingraf[5] quy ne pouvoit plus souffrir la vie deshonneste que sa sœur l’abbesse de Remiremont menoit a Paris, m’envoya un de ses gens me prier de donner

  1. La paix fut signée le 15 mai, à Sainte-Menehould.
  2. Sézanne, chef-lieu de canton, arrondissement d’Épernay, département de la Marne. — Barbonne, bourg du canton de Sézanne.
  3. Mr  le duc d’Anjou fut baptisé au Louvre le 15me de juin.
    (Addition de l’auteur).
  4. Ce fut au sujet de cet événement que Malherbe écrivit sa Lettre de consolation à madame la princesse de Conty (Paris, Toussainct du Bray, M.DC.XIIII).
  5. Le rhingrave Philippe-Otto dont il a été parlé à la page 231. Élisabeth, sa sœur consanguine, fille de Frédéric, rheingraf, et d’Anne-Émilie de Nassau-Weilburg, sa seconde femme.