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journal de ma vie.

de Clermont[1] arriva, dont je fus bien ayse, m’asseurant qu’il m’ayderoit et de conseil et de soldats pour remplir mes trouppes quy estoint tellement desperies, et d’heure en heure j’avois nouvelles de toutes parts comme la pluspart des officiers quittoint le service du roy pour aller a Mets, emmenans les soldats avec eux. Je me trouvay fort en peine : neammoins aussy tost apres disner je m’enfermay avesques Vaubecourt, Fresnel, et des Fourneaux, ou je voulus voir quelles forces je pouvois ammener au roy, en quel temps je les pourrois rendre pres de luy, et quelle routte je tiendrois, ensemble quel ordre je laisserois dans la province en partant. Ces messieurs quy avoint connoissance plus parfaitte que moy de cette frontiere, me dirent que je n’en pourrois pas tirer deux mille hommes, laissant le regiment de Vaubecourt, et que les plus fortes compagnies n’estoint pas de vingt cinq hommes, lesquelles neammoins avoint leurs magasins complets et garnis ; et que pourveu qu’ils eussent des gens, ils avoint de quoy les armer. Je priay lors le sieur de Vaubecourt qu’il aydat le regiment de Picardie de quattre cens soldats, ce qu’il pouvoit faire sans s’incommoder, veu que de la terre de Beaulieu il en pourroit recouvrer tant qu’il voudroit pour les remplacer ; ce qu’il me promit de faire pourveu que je luy baillasse un escu pour soldat pour en enroler d’autres : et moy bien ayse de ce bon commencement je luy

    verneur de Clermont, était aussi capitaine des gardes du duc de Lorraine. Il mourut en 1635.

  1. Clermont-en-Argonne, chef-lieu de canton de l’arrondissement de Verdun.