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1620. octobre.

l’avois esperé. » J’avoue que je sentis mon cœur chastouiller par cette louange et par la bonne opinion que le roy avoit de moy, auquel je respondis que je l’asseurois que l’esperance qu’il avoit conceue de ma diligence ne seroit point vaine et que dans peu il en auroit des nouvelles.

Sur cela je pris congé de luy et m’en vins coucher a Langon[1], de l’autre costé de la riviere, sur laquelle l’armée estoit espandue en divers villages et bourgs. Je portay des lettres du roy a Mrs  de la Curée et de Constenant quy la commandoint pour venir trouver Sa Majesté, ce qu’ils firent. Et ayant envoyé en diligence ramasser tous les batteaux que je peus, je les partageay aux regimens et compagnies, sans la vouloir assembler pour le passage. Je fis joindre deux batteaux en un et faire des pontons dessus, sur lesquels je posay, le 10me d’octobre[2], deux pieces d’artiglerie. J’en fis joindre deux autres sans pontons, sur lesquels je mis les affuts, et en quattre voyages je passay l’artiglerie, et a force d’argent je fis en sorte qu’en tout le lendemain les munitions et vivres furent passés, et toute l’armée aussy, et vinsmes coucher en un bourg a une lieue de la riviere.

Le lendemain 11me[3] nous entrames sur le bord

  1. Langon, chef-lieu de canton de l’arrondissement de Bazas, département de la Gironde, est situé sur la rive gauche de la Garonne ; l’armée était encore de l’autre côté de la rivière, qu’il s’agissait de lui faire passer.
  2. Date ajoutée en interligne.
  3. Ou plutôt le 12 : c’était le 11 que l’on avait dû, après le passage de l’armée, aller coucher en un bourg à une lieue de la rivière.