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journal de ma vie.

mesme Saint Geronimo ou j’accompagnay le roy. Le pere Florensia jesuiste fit son oraison funebre.

Je fus apres disner a l’audience cheux la reine aux Descalsas.

Comme je sortois de cheux le roy le matin apres l’avoir rammené en sa chambre, le comte d’Olivares et don Baltasar de Suniga me vindrent conduire et faire un tour de galerie avesques moy. On parla de diverses choses : je leur demanday sy le prince Philibert verroit des ce jour mesme Sa Majesté, ou s’il attendroit au lendemain a le voir. Ils me dirent que le prince Philibert estoit en Sicile, bien eslongné de pouvoir voir le roy. Je creus qu’ils me faisoint les fins ; c’est pourquoy je m’opiniastray a leur dire que sy Alcala de Ennares[1] estoit Sicile, qu’il n’en estoit pas plus eslongné. Cela les estonna de sorte qu’ils me dirent qu’ils ne pensoint pas qu’il y fut. Allors je leur dis que s’ils vouloint que je l’ignorasse, au nom de Dieu soit ; que sy aussy[2] c’estoit eux quy l’ignoroint, je leur en pouvois asseurer, et que je le sçavois de l’ambassadeur de Venise a quy un courrier venoit d’arriver comme nous entrions a Saint Geronimo, quy l’avoit laissé a dix lieues d’Alcala, quy pensoit arriver ce jour là a Madrid sy ses mules l’y pouvoint porter. Ils me remercierent tous deux de cet avis, et me prierent de trouver bon qu’ils dient au roy qu’ils le sçavoint de moy ; a quoy je m’accorday. Ils rentrerent

  1. Alcala de Henares, ville de la province de Madrid, à cinq lieues de cette capitale.
  2. Au contraire.