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1621. juillet.

qualifiés que Mrs  de Crequy, Saint Luc, Termes, et moy, fussions mareschaux de camp ; que nous estouffions sa gloire et celle de ses freres, qu’il vouloit avancer par les armes ; et que l’on ne parloit que de nous, et point du tout de luy, ny d’eux ; c’estoit pourquoy il devoit nous donner des commissions a l’escart et introduire en nostre absence des mareschaux de camp de moindre merite quy seroint ses creatures et de ses freres, quy contribueroint leurs soins et leurs peines a leur honneur et a leur gloire ; monsieur le connestable se laissa aysement persuader a une chose quy estoit sy evidente, et pour cet effet il fit donner la lieutenance generale de la mer a Mr  de Saint Luc et l’envoya a Brouages apres le siege de Saint Jean pour preparer les armemens necessaires pour rendre le roy puissant sur mer : il me commanda d’aller a Paris ratifier les contrats susdits d’Espaigne et m’adjoygnit commissaire pour les sinner pour le roy avec monsieur le chancelier : Mr  de Crequy avoit eu une mousquetade a la joue[1], de laquelle il n’estoit encores bien guery, quy se laissa facilement persuader d’aller a Paris, outre qu’il y avoit quelques affaires. Monsieur le connestable nous dit qu’il croyoit faire la paix a Bergerac[2] ; que les huguenots en faisoint rechercher le roy quy y condescendroit volontiers, et que Dieu aydant, le roy et luy nous suyvroint de pres ; qu’en tout cas il nous adver-

  1. Au siège de Saint-Jean-d’Angély. La blessure, quoiqu’elle eût paru d’abord dangereuse, ne lui avait pas fait interrompre son service.
  2. Bergerac, aujourd’hui chef-lieu d’arrondissement du département de la Dordogne, était une des places de sûreté des huguenots.