Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 2.djvu/320

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
316
journal de ma vie.

peu mal, et fallut que j’allasse cette nuit là mener nos mille hommes contre le secours.

Le samedy 18me on s’avança en nos tranchées du costé du ravin. On continua la mine. Je fus a Picacos par ordre du roy ; et au retour, comme c’estoit ma nuit d’aller contre le secours, j’y menay nos trouppes.

Le dimanche 19me les ennemis vindrent mettre le feu a la batterie de deux pieces quy estoint sur le bord de l’eau, et se retirerent a l’heure mesme qu’ils luy eurent jetté.

Il arriva peu de jours avant en l’armée ce carme deschaussé[1] quy estoit a la battaille de Prague, et quy avoit conseillé de la donner : il estoit estimé homme de grande sainteté. Monsieur le connestable luy demanda ce qu’il luy sembloit que l’on deut faire pour prendre Montauban. Il luy dit qu’il fit tirer quattre cens coups de canon a coups perdus dans la ville, et que les habitans intimidés infailliblement se rendroint. Ce fut pourquoy le roy m’envoya querir le jour precedent pour [me commander de][2] faire tirer les quattre cens coups de canon, comme je fis : mais les ennemis ne se rendirent pour cela[3].

Ce soir là quy estoit celuy auquel Mr le mareschal de Pralain devoit veiller contre le secours, a cause de sa blesseure j’y allay en sa place.

Le lundy 20me on continua nos travaux. Le soir

  1. Le P. Dominique de Jesu Maria, religieux espagnol. — Voir à l'Appendice. XIX
  2. Inédit.
  3. Le roi vint au camp le 18 (Journal d’Hérouard), sans doute pour voir l’effet de la batterie.