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1621. octobre.

rien. J’ay toujours creu depuis que son mal le troubla de sorte qu’il ne me connut pas, ou qu’il ne sçavoit ce qu’il me disoit : car il laissoit deux mareschaux de camp comme moy ; je n’avois aucune part ny despendance en son quartier ; je n’eusse peu prendre cette commission que du roy seul ou de monsieur le connestable, et je ne l’eusse jamais acceptée au prejudice de mes amis.

Nous avions fait faire en nostre quartier un cavalier sur lequel nous avions mis deux bastardes quy voyoint et tiroint dans les pieces des ennemis et les endommageoint grandement : je crois que sy nous y eussions eu des canons de batterie, qu’ils y eussent fait merveilles. Nous travaillions encores a une mine plus tost par divertissement que pour aucun autre effet, n’ayant plus autre dessein que de garder les postes avancés que nous tenions. Nous faisions quelquefois des tresves de deux ou trois heures pendant lesquelles nous parlions les uns aux autres en tres grande privauté, et sans crainte les uns des autres. Messieurs de la Force, et comte d’Orval quy avoit le tiltre de gouverneur de Montauban, bien que son [beau][1] pere y eut le principal credit, me prioint souvent de baiser les mains de leur part a monsieur le connestable et a Mrs  les mareschaux de Chaunes et de Pralain : je leur asseuray de le faire et de moyenner une entreveue entre eux, dont ils me tesmoygnerent estre fort contens.

  1. Inédit. — François de Béthune, comte d’Orval, fils de Maximilien de Béthune, duc de Sully, et de Rachel de Cochefilet, sa seconde femme, avait épousé en 1620 Jacqueline de Caumont, fille de M. de la Force.