Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 2.djvu/364

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
360
journal de ma vie.

par plusieurs grands sieges qu’elle a faits cet esté, diminuée par la perte de quantité de braves hommes quy y sont peris, et finalement [ruinée par les maladies et autres incommodités][1], je ne feindray point de vous dire ouvertement ce que messieurs les preopinans vous ont voulu faire comprendre par leurs discours ambigus, quy est que vous devés plustost songer a rendre le repos a vostre armée, dont vous l’avés privée depuis huit mois, qu’a l’employer infructueusement en la continuation d’un siege auquel toutes choses nous sont plus desavantageuses au bout de trois mois qu’il est commencé, que lorsque nous l’avons entrepris. Il est entré dans cette place plus de deux mille soldats depuis la deffaite du secours ; les habitans le sont devenus par un exercice continué durant trois mois, et ne sont pas plus enorgueillis qu’encouragés, [tant] par leurs heureux succes de Ville Bourbon que par ces deux dernieres sorties ; l’attaque generale entreprise et non executée leur a enflé le cœur et applaty celuy de nos gens de guerre quy se sont persuadé que nous ne la pouvions faire puis que nous ne la faisions pas ; nous sommes a la fin de l’automne, quy est le temps auquel on a accoustumé de cesser d’entreprendre et d’agir. Je vous en puis parler d’autant plus librement, Monsieur, que je suis moins interessé dans l’affaire ; car ceux de nostre quartier ont esté deschargés de la prise de cette ville des que vous les deschargeates de leur artiglerie. Toutes choses y sont en leur entier : les ennemis ne

  1. Inédit.