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1622. mai.

tation, et sans aucune cause apparente, de venir changer sur l’opinion peu considerée, pour ne dire indiscrete, de Lancheres quy porté plus tost d’ardeur que de raysonnement, quitte la suitte d’un dessein resolu et bon, pour vous donner un avis incertain, perilleux, et dont l’execution, quelque heureuse qu’elle puisse estre, vous coustera la vie de personnes quy valent mieux que ce que vous gaignerés, je n’y vois aucune apparence. Et que seroit ce s’il y avoit une pareille mine qu’a l’autre quartier, et qu’outre le mal quy vous en arrivera, vous encourussiés encores le blasme et la honte de ne vous avoir fait sage du malheureux exemple de vos voysins, et sy je vous fais voir a l’œil, et a ceux quy le voudront remarquer, qu’il y a asseurement une mine que ces messieurs les beaux reconnoisseurs de places n’ont point remarquée ; que ce peu de gens qu’il y a dans la piece vous le devroit, et a eux aussy, faire juger, quand nous n’en aurions autre connoissance ; qu’un fossé et de la terre relevée de l’autre costé pour servir de parapet au retranchement, de quoy ces messieurs ne parlent point ou qu’ils n’ont pas remarqué, toutes ces choses vous doivent faire penser qu’ils ne veulent point opiniatrer cette piece a cause de la mine qu’ils y veulent faire jouer ou pour tuer a leur ayse a bonnes mousquetades ceux quy seront entrés dedans ? »

« Il semble que vous ayés concerté avesques les ennemis pour donner dans tous les pieges qu’ils vous tendent, et pour changer les bonnes et seures resolutions contre les incertaines et mauvaises. Pour moy, Monsieur, sy vous y voulés persister, je proteste de