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1622. mai.

que sa pure bonté et la connoissance et reconnoissance que Sa Majesté auroit de mes services, me voudroit procurer, sans l’en requerir ny importuner, par moy, ny par autruy ; et que je La suppliois tres humblement que ma consideration ne luy fit jammais retarder aucune chose quy fut de sa volonté, ou du bien de son service : dont Sa Majesté me remercia et me dit que je me reposasse sur Elle de ma fortune. Il en parla en suitte a Mr de Chomberg quy ne fut pas sy moderé que moy ; car il le pressa fort de le faire conjointement mareschal avec Mr de la Force : il me proposa aussy, a ce que me dit le roy ; mais ce fut principalement affin de fortifier sa requeste.

Le mercredy 25me de may j’eus commandement d’aller tirer la garnison de Sainte Foy pour y establir les gardes françoises et suisses du roy, quy y vint au giste[1]. Je vins donc le matin disner proche de la ville cheux Mr d’Elbeuf quy y estoit campé, puis entray a Sainte Foy ou tout l’ordre necessaire pour conserver la ville fut gardé.

Le jeudy 26me quy estoit la Feste Dieu, le roy sejourna a Sainte Foy et y fit la ceremonie du Saint Sacrement.

Il y demeura aussy le vendredy 27me et donna ce jour là a Mr de la Force le baston de mareschal de France, et l’on fit passer la riviere[2] au canon sur un pont de batteaux fait expres ; et le samedy 28me le

  1. M. de la Force, qui avait soustrait Sainte-Foy à l’autorité de Théobon, le gendre de Boësse-Pardaillan, remettait cette place en l’obéissance du roi.
  2. La rivière de Dordogne.