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1622. juin.

contra que Mrs  de Vandosme et de Temines avoint desja commencé quelques tranchées[1] quy venoint jusques contre cette petite riviere, dont ils avoint destourné le cours et mis dans son lit quelques gabions en pfalsades[2] pour servir de blindes, de sorte qu’ils pouvoint par ce moyen aborder une corne avancée que les ennemis avoint jettée sur l’avenue. Cette corne, a ce que nous voyions clairement, estoit retranchée par le millieu en mesme flanquement comme elle estoit a la teste[3] : elle estoit deffendue par ses costés de deux petits ravelins revestus[4], quy estoint toutes les fortifications a la moderne qu’avoit Saint Antonin, hormis que, des deux costés, il y avoit de petits dehors quy n’estoint que des tranchées flanquées pour y faire tirer des mousquetaires, et non pour les disputer : il y avoit une assés bonne contrescarpe devant le fossé, a la teste, entre ces deux petites pieces ; finalement le fossé, et la muraille flanquée d’espace raysonnable par quelques petites tours. La ville avoit un pont de pierre sur la riviere de la Veirou, et toute la muraille du long de la riviere sans aucune deffense, que de deux meschantes tours au haut et au bas, et environ huit cens pas au dessous de la ville, la vanne[5] d’un moulin quy tenoit l’eau en hauteur, quy sans cela, en cette sayson, n’eut pas esté d’un pié de haut devant la ville.

  1. Il y avait aux précédentes éditions : traverses.
  2. Voir la note 1 à la page 41.
  3. C’est-à-dire que le retranchement du milieu était flanqué de la même manière que la tête de la corne.
  4. Le ravelin est un ouvrage à angle saillant, que l’on appelle plus communément demi-lune.
  5. Il y avait aux précédentes éditions : l’avenue.