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divers objets propres à nos jouissances, on reconnoît bientôt que ces productions, même dans leur état brut, ou dans leur plus grande simplicité primitive, sont, il est vrai, des présents de la nature, mais aussi des effets de l’art et même de trois espèces d’arts qui s’exercent dans les États policés ; c’est-à-dire, de l’art social, de l’art productif et de l’art stérile. C’est ce que je dois expliquer.


No II.
De l’Art fécond ou productif.


L’homme policé a poussé la réflexion, la prévoyance et l’adresse jusqu’au point de préparer, d’assurer, de multiplier les productions naturelles, d’où dépendent sa conservation et son bien-être.

Tous les animaux travaillent jour[4]nellement à se procurer la jouissance des productions spontanées de la nature, c’est-à-dire, des aliments que la terre leur fournit d’elle-même.

Quelques espèces plus industrieuses amassent et conservent ces mêmes productions, pour en jouir dans la suite. Presque tous ceux qui nous sont connus façonnent plus ou moins leur habitation, le lieu de leur repos, celui qui sert à l’éducation de leurs petits.

L’homme seul destiné à étudier les secrets de la nature et de la fécondité, s’est proposé d’y suppléer, en se procurant, par son travail, plus de productions utiles qu’il n’en trouveroit sur la surface de la terre inculte et sauvage.

Cet art, père de tant d’autres arts, par lequel nous disposons, nous sollicitons, nous forçons pour ainsi dire la terre à produire ce qui nous est propre, c’est-à-dire, utile ou agréable, est peut-[5]être un des caractères les plus nobles et le plus distinctif de l’homme sur la terre.

On l’appelle art fécond ou productif, parcequ’il travaille directement et immédiatement à opérer la plus grande fécondité de la nature ; à tirer du sein de la terre une plus abondante récolte de productions ; à préparer, assurer, et multiplier la naissance des objets utiles à notre conservation et à notre bien-être.

La fécondité de la nature et de ses productions fait donc l’objet de cet art, puisque c’est pour aider, pour multiplier les opérations de cette fécondité, que nous l’employons, avant la naissance des productions, pour que la récolte en soit plus certaine et plus abondante.