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publiques. Dans tout ce qui n’a pas rapport à ces portions patrimoniales de l’autorité suprême, c’est l’homme qui dépense, ce n’est pas le Souverain.

[81] Multiplier même dans les meilleures et les plus utiles opérations, le nombre des agents au-dela du nécessaire, et surpayer ceux qu’on employe, c’est une dépense de dupe pour les particuliers, c’est pis encore pour les Souverains, car leur dépense est si fructifiante quand elle est bien dirigée, que c’est un grand crime de leze humanité quand elle est dévoyée.


No V.
De la recette du Souverain.


Le devoir d’établir, d’étendre, de perfectionner de plus en plus l’instruction, la protection, l’administration universelles, suppose, comme on vient de le voir, une multitude étonnante de travaux assidus et dispendieux, une surveillance continuelle et générale, par conséquent une foule très considérable de mandataires de la souveraineté.

Il est donc de toute nécessité que le [82] Souverain fasse une forte dépense dans les sociétés policées ; il est donc de toute nécessité qu’il y jouisse d’un grand revenu.

Si les Nations sont assez mal éclairées sur leurs intérêts, pour retrancher par une avidité mal entendue à la souveraineté les moyens de remplir les devoirs de son autorité, alors l’instruction publique, la distribution de la justice, la puissance militaire, les relations politiques, les grandes propriétés communes tombent dans la langueur, dans le désordre, alors il est impossible que les propriétés foncieres, que les arts productifs et les arts stériles ne soient pas jettés dans la confusion et dans le dépérissement.

Tel est le sort des États où l’autorité souveraine n’a pas toute l’activité, tous les revenus dont elle devroit jouir ; de la Pologne, par exemple, où regne l’anarchie la plus complette, et qui four[83]nit une preuve mémorable des maux qu’entraîne nécessairement l’anéantissement de presque toute autorité.

Or, le revenu du Souverain n’est en derniere analyse qu’une portion des subsistances et des matieres premieres annuellement renaissantes, attribuée à ses jouissances personelles et à celles de tous ses coopérateurs, ou mandataires de tous les ordres.