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récolte annuelle des terres bien préparées par de grands travaux fonciers fournit une si grande abondance des productions les plus propres aux jouissances des hommes, (soit subsistances, soit matieres premieres), qu’il y a beaucoup à jouir pour chacun de ceux qui peuvent avoir concouru à la naissance de ces productions, et encore pour ceux qui concourent à leur donner après la naissance, les différentes formes d’où [103] dépendent l’agrément et l’utilité des jouissances.

Les arts productifs ou non productifs, leur développement, leur perfection progressive dépendent donc immédiatement des avances foncieres ou des travaux que font l’émulation et l’industrie privée sur un sol déterminé, pour le rendre plus aisé à cultiver, plus abondant en meilleures productions, plus commode à récolter.

No. II.

Droits de la propriété fonciere.

C’est l’utilité très évidente des avances foncieres, c’est leur efficacité ou leur influence sur les travaux des autres arts, c’est la durée de cette efficacité pendant plusieurs années et même pendant plusieurs siécles, qui fonde la prééminence de la classe propriétaire, la légitimité de ses droits, même de celui d’hé[104]rédité, c’est-à-dire, de transmission à ses représentants.

Car la surabondance de productions annuellement récoltées, qui est l’effet des avances foncieres, forme sans cesse un titre incontestable aux représentants de l’homme qui les a faites, et qui les a fait telles, précisément en vue de mériter, de recueillir à l’avenir par lui-même ou par les siens, une portion dans cette récolte devenue surabondante uniquement par son travail ou par sa dépense.

Quel seroit en effet la raison, le droit ou l’intérêt de disputer à lui ou à ses représentants, cette portion si légitimement et si utilement acquise ? Faire des avances foncieres, n’est-ce pas consacrer des biens dont vous pourriez jouir actuellement en toute autre maniere, à préparer un sol, à le rendre plus productif, plus utile aux arts de toute espece pendant un long espace de [105] tems ? L’effet de ces avances foncieres ne dure-t-il pas à proportion de la grandeur et de la solidité des travaux, c’est-à-dire, à proportion de la dépense et de l’industrie qu’on y emploie ?