Page:Baudelaire - Œuvres posthumes, III, Conard, 1952.djvu/229

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— Lui, se tourne vers son fournisseur ordinaire,
Qui se tenait debout comme un factionnaire,
Ou comme un chambellan qui savoure avec foi
Les sottises tombant des lèvres de son roi,
Et lui dit, avec l’œil d’un marchand de la Beauce :
« Je crois, mon cher, je crois que David est en hausse ![1] »


Une eau salutaire.


Joseph Delorme a découvert
Un ruisseau si clair et si vert
Qu’il donne aux malheureux l’envie
D’y terminer leur triste vie.
— Je sais un moyen de guérir
De cette passion malsaine
Ceux qui veulent ainsi périr :
Menez-les aux bords de la Senne.




 « Voyez — dit ce Belge badin
Qui n’est certes pas un ondin —
La contrefaçon de la Seine. »
— « Oui — lui dis-je — une Seine obscène ! »



  1. Variante :
    — vrai propos d’un marchand de la Beauce ;
    — « Dites-moi, savez-vous si David est en hausse ? »

    Variante pour les six derniers vers :

    Il m’écouta fort bien, muet, automatique,
    Solennel ; puis soudain, d’un air diplomatique,
    Sortant d’un de ces longs sommeils si surprenants,
    Que tout Belge partage avec les ruminants,
    Avec le clignement d’un marchand de la Beauce,
    Me dit : « Je crois, d’ailleurs, que David est en hausse ! »