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C’est à ce point de vue surtout, — moderne, européen, universel, — que nous envisagerons son œuvre ici. C’est dire que nous accorderons plus d’attention à la seconde partie qu’à la première, au Verhaeren des dix années dernières qu’au Verhaeren antérieur, dont le nom se trouva mêlé pour le renier ou l’exalter, à tant de polémiques d’art, d’un intérêt maintenant contestable. Qu’on ne voie en ceci nul injuste dédain de sa période première, mais uniquement l’affirmation d’un point de vue.

Et si, également j’abandonne à de plus experts l’examen des questions de métrique et de prosodie, c’est pour m’occuper du Verhaeren essentiel qui, à travers la prose, le vers libre ou l’alexandrin, s’offre à nous avec ses fièvres, ses tortures, son exaltation, ses espoirs et ses conjectures, et la merveilleuse foi nouvelle qui dore les cimes de son œuvre. De ce Verhaeren-là il fut peut-être moins parlé jusqu’ici, mais c’est celui qui aura devant l’avenir l’importance d’un précurseur, d’un révélateur.


Le bourg de Saint-Amand, où Émile Verhaeren naquit le 21 mai 1855, se trouve situé à l’intersection de la Flandre orientale, de la province d’Anvers et du Brabant, au bord de l’Escaut, qui domine toute la contrée. À l’horizon des plaines vastes, balayées par les vents, s’érigent