Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/132

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Vous avez peine à vous persuader cette horreur. L’inexpérience, Rosine, rend votre sexe confiant et crédule ; mais apprenez dans quel piège on vous attirait. Cette femme m’a fait donner avis de tout, apparemment pour écarter une rivale aussi dangereuse que vous. J’en frémis ! le plus abominable complot entre Almaviva, Figaro et cet Alonzo, cet élève supposé de Bazile, qui porte un autre nom et n’est que le vil agent du comte, allait vous entraîner dans un abîme dont rien n’eût pu vous tirer.

ROSINE, accablée. Quelle horreur !… quoi, Lindor !… quoi, ce jeune homme !…

BARTHOLO, à part. Ah ! c’est Lindor.

ROSINE. C’est pour le comte Almaviva… C’est pour un autre…

BARTHOLO. Voilà ce qu’on m’a dit en me remettant votre lettre.

ROSINE, outrée. Ah ! quelle indignité !… Il en sera puni… Monsieur, vous

avez désiré de m’épouser ?

BARTHOLO. Tu connais la vivacité de mes sentiments.

ROSINE. S’il peut vous en rester encore, je suis à vous.

BARTHOLO. Eh bien ! le notaire viendra cette nuit même.

ROSINE. Ce n’est pas tout. ô Ciel ! suis-je assez humiliée !…

Apprenez que dans peu le perfide ose entrer