Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/135

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FIGARO. Vous avez pour vous trois passions toutes-puissantes sur le beau sexe : l’amour, la haine et la crainte.

LE COMTE regarde dans l’obscurité. Comment lui annoncer brusquement que le notaire l’attend chez toi pour nous unir ? Elle trouvera mon projet bien hardi ; elle va me nommer audacieux.

FIGARO. Si elle vous nomme audacieux, vous l’appellerez cruelle. Les femmes aiment beaucoup qu’on les appelle cruelles. Au surplus, si son amour est tel que vous le désirez, vous lui direz qui vous êtes ; elle ne doutera plus de vos sentiments.




Scène VI

LE COMTE, ROSINE, FIGARO

Figaro allume toutes les bougies qui sont sur la table.

LE COMTE. La voici. — Ma belle Rosine !…

ROSINE, d’un ton très compassé. Je commençais, Monsieur, à craindre que vous ne vinssiez pas.

LE COMTE. Charmante inquiétude !… Mademoiselle, il ne me convient point d’abuser des circonstances pour vous proposer de partager le sort d’un infortuné ! mais quelque asile que vous choisissiez, je jure sur mon honneur…

ROSINE.