Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/137

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de vous en informer. Ah, Rosine ! il est donc vrai que vous m’aimez véritablement !

FIGARO. Monseigneur, vous cherchiez une femme qui vous aimât pour vous-même…

ROSINE. Monseigneur !… Que dit-il ?

LE COMTE, jetant son large manteau, paraît en habit magnifique. O la plus aimée des femmes ! il n’est plus temps de vous abuser : l’heureux homme que vous voyez à vos pieds n’est point Lindor ; je suis le comte Almaviva, qui meurt d’amour, et vous cherche en vain depuis six mois.

ROSINE tombe dans les bras du comte. Ah !…

LE COMTE, effrayé. Figaro !

FIGARO. Point d’inquiétude, Monseigneur : la douce émotion de la joie n’a jamais de suites fâcheuses ; la voilà, la voilà qui reprend ses sens. Morbleu, qu’elle est belle !

ROSINE. Ah, Lindor !… Ah ! Monsieur ! que je suis coupable !

j’allais me donner cette nuit même à mon tuteur.

LE COMTE. Vous, Rosine !

ROSINE. Ne voyez que ma punition ! J’aurais passé ma vie à vous détester. Ah, Lindor, le plus affreux supplice n’est-il pas de haïr, quand on sent qu’on est faite pour aimer ?

FIGARO