Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/166

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 qu’un morceau si sévère n’obscurcît la gaieté de
l’action.

Quand Molière a bien humilié la coquette ou coquine du Misanthrope,
par la lecture publique de ses lettres à tous ses amans, il la laisse
avilie sous les coups qu’il lui a portés ; il a raison ; qu’en ferait-il ?
vicieuse par goût et par choix, veuve aguerrie, femme de cour, sans
aucune excuse d’erreur, et fléau d’un fort honnête homme, il l’abandonne
à nos mépris, et telle est sa moralité. Quant à moi, saisissant l’aveu
naïf de Marceline, au moment de la reconnaissance, je montrais cette
femme humiliée, et Bartholo qui la refuse, et Figaro, leur fils
commun, dirigeant l’attention publique sur les vrais fauteurs du
désordre où l’on entraîne sans pitié toutes les jeunes filles du peuple,
douées d’une jolie figure.

Telle est la marche de la scène.

BRID’OISON.

(Parlant de Figaro qui vient de reconnaître sa mère en Marceline.)

C’est clair ; i-il ne l’épousera pas.

BARTHOLO.

Ni moi non plus.

MARCELINE.

Ni vous ! et votre fils ? vous m’aviez juré….

BARTHOLO.

J’étais fou. Si pareils souvenirs engageaient, on serait tenu d’épouser
tout le monde.

BRID’OISON.

E-et, si l’on y regardait de si près, per-ersonne n’épouserait personne.

BARTHOLO.

Des fautes si connues ! une jeunesse déplorable !

MARCELINE, s’échauffant par degrés.

Oui, déplorable, et plus qu’on ne croit ! je n’entends