Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/180

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 comiques, de tableaux piquans et variés qui
soutiennent, sans la fatiguer, l’attention du public pendant les trois
heures et demie que dure le même spectacle ; (essai que nul homme de
lettres n’avait encore osé tenter ! ) que restait-il à faire à de pauvres
méchans que tout cela irrite ? attaquer, poursuivre l’auteur, par des
injures verbales, manuscrites, imprimées : c’est ce qu’on a fait sans
relâche. Ils ont même épuisé jusqu’à la calomnie, pour tâcher de me
perdre dans l’esprit de tout ce qui influe en France sur le repos d’un
citoyen. Heureusement que mon ouvrage est sous les yeux de la nation,
qui depuis dix grands mois le voit, le juge et l’apprécie. Le laisser
jouer tant qu’il fera plaisir, est la seule vengeance que je me sois
permise. Je n’écris point ceci pour les lecteurs actuels : le récit d’un
mal trop connu touche peu ; mais dans quatre-vingts ans il portera son
fruit. Les auteurs de ce temps-là compareront leur sort au nôtre ; et nos
enfans sauront à quel prix on pouvait amuser leurs pères.

Allons au fait ; ce n’est pas tout cela qui blesse. Le vrai motif qui se
cache, et qui dans les replis du cœur produit tous les autres
reproches, est renfermé dans ce quatrain :

Pourquoi ce Figaro, qu’on va tant écouter,
Est-il avec fureur déchiré par les sots ?
 Recevoir, prendre et demander ;
 Voilà le secret en trois mots.

En effet, Figaro parlant du métier de courtisan, le définit dans ces
termes sévères. Je ne puis le nier, je l’ai dit. Mais reviendrai-je sur
ce point ? Si c’est un mal, le remède serait pire : il faudrait poser
méthodiquement ce que je n’ai fait qu’indiquer ; revenir à