Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/205

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CHÉRUBIN.

Pourquoi non ? elle est femme ! elle est fille ! une fille ! une femme ! ah
que ces noms sont doux ! qu’ils sont intéressans !

SUZANNE.

Il devient fou !

CHÉRUBIN.

Fanchette est douce ; elle m’écoute au moins : tu ne l’es pas, toi !

SUZANNE.

C’est bien dommage ; écoutez donc monsieur !

(Elle veut arracher le ruban.)

CHÉRUBIN tourne en fuyant.

Ah ! ouiche ! on ne l’aura, vois-tu, qu’avec ma vie, Mais si tu n’es pas
contente du prix, j’y joindrai mille baisers.

(Il lui donne chasse à son tour.)

SUZANNE tourne en fuyant.

Mille soufflets si vous approchez. Je vais m’en plaindre à ma maîtresse ;
et loin de supplier pour vous, je dirai moi-même à Monseigneur : c’est
bien fait, Monseigneur ; chassez-nous ce petit voleur : renvoyez à ses
parens un petit mauvais sujet qui se donne les airs d’aimer Madame, et
qui veut toujours m’embrasser par contre-coup.

CHÉRUBIN voit le Comte entrer ; il se jette derrière le fauteuil avec
effroi.

Je suis perdu.

SUZANNE.

Quelle frayeur ?
SCÈNE