VIII.
SUZANNE, LE COMTE, CHÉRUBIN caché.
SUZANNE aperçoit le Comte.
Ah !… (elle s’approche du fauteuil pour masquer Chérubin.)
LE COMTE s’avance.
Tu es émue, Suzon ! tu parlais seule, et ton petit cœur paraît dans une
agitation…. bien pardonnable, au reste, un jour comme celui-ci.
SUZANNE, troublée.
Monseigneur, que me voulez-vous ? Si l’on vous trouvait avec moi….
LE COMTE.
Je serais désolé qu’on m’y surprît ; mais tu sais tout l’intérêt que je
prends à toi. Bazile ne t’a pas laissé ignorer mon amour. Je n’ai rien
qu’un instant pour t’expliquer mes vues : écoute. (il s’assied dans le
fauteuil.)
SUZANNE, vivement.
Je n’écoute rien.
LE COMTE lui prend la main.
Un seul mot. Tu sais que le roi m’a nommé son ambassadeur à Londres.
J’emmène avec moi Figaro ; je lui donne un excellent poste ; et comme le
devoir d’une femme est de suivre son mari….
SUZANNE.
Ah, si j’osais parler !
LE COMTE la rapproche de lui.
Parle, parle, ma chère : use aujourd’hui d’un droit que tu prends sur moi
pour la vie.
SUZANNE, effrayé
Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/206
Cette page n’a pas encore été corrigée