Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/289

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 y a, Messieurs, malice, erreur, ou distraction dans la manière
dont on a lu la pièce ; car il n’est pas dit dans l’écrit : laquelle
somme je lui rendrai, ET je l’épouserai ; mais, laquelle somme je lui
rendrai, OU je l’épouserai ; ce qui est bien différent.

LE COMTE.

Y a-t-il ET dans l’acte, ou bien OU ?

BARTHOLO.

Il y a ET.

FIGARO.

Il y a OU.

BRID’OISON.

Dou-ouble-main, lisez vous-même.

DOUBLE-MAIN, prenant le papier.

Et c’est le plus sûr ; car souvent les parties déguisent en lisant. (il
lit) E e e damoiselle e e e de Verte-allure e e e, Ha ! laquelle
somme je lui rendrai à sa réquisition, dans ce château… ET… OU…
ET… OU… Le mot est si mal écrit… il y a un pâté.

BRID’OISON.

Un pâ-âté ? je sais ce que c’est.

BARTHOLO, plaidant.

Je soutiens, moi, que c’est la conjonction copulative ET qui lie les
membres co-relatifs de la phrase : je paierai la demoiselle, ET je
l’épouserai.

FIGARO plaidant.

Je soutiens, moi, que c’est la conjonction alternative OU qui sépare
lesdits membres ; je paierai la donzelle, OU je l’épouserai : à pédant,
pédant et demi ; qu’il s’avise de parler latin, j’y suis grec ; je
l’extermine.

LE COMTE.

Comment juger pareille question ?

BARTHOLO.