Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/300

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les bras ouverts.

Embrasse ta mère, ma jolie Suzanette. Le méchant qui te tourmente est
mon fils.

SUZANNE court à elle.

Vous sa mère ! (elles restent dans les bras l’une de l’autre.)

ANTONIO.

C’est donc de tout à l’heure ?

FIGARO.

…Que je le sais.

MARCELINE exaltée.

Non, mon cœur entraîné vers lui ne se trompait que de motif ; c’était le
sang qui me parlait.

FIGARO.

Et moi, le bon sens, ma mère, qui me servait d’instinct quand je vous
refusais, car j’étais loin de vous haïr ; témoin l’argent…

MARCELINE lui remet un papier.

Il est à toi : reprends ton billet, c’est ta dot.

SUZANNE lui jette la bourse.

Prends encore celle-ci.

FIGARO.

Grand merci.

MARCELINE exaltée.

Fille assez malheureuse, j’allais devenir la plus misérable des femmes,
et je suis la plus fortunée des mères ! Embrassez-moi, mes deux enfans ;
j’unis dans vous toutes mes tendresses. Heureuse autant que je puis
l’être, ah ! mes enfans, combien je vais aimer !

FIGARO attendri ; avec vivacité.

Arrête donc, chère mère ! arrête donc ! voudrais-tu voir se fondre en eau
mes yeux noyés des premières larmes que je connaisse ? elles sont de
joie, au moins. Mais quelle stupidité ! j’ai manqué d’en être honteux : je
les sentais couler entre mes doigts, regarde ; (