Page:Bedier - La Chanson de Roland.djvu/19

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l’usage du poète : c’est le tableau complet de ces centaines de traits qu’il faudrait savoir dresser ; mais qui pourrait y prétendre, tant qu’on ignorera d’où était ce poète, en quelles provinces, dans quels cercles ecclésiastiques il a vécu, ou dans quelles cours seigneuriales, ou dans quelles confréries de ménestrels ? Et quant à transposer le poème de l’anglo-normand en français de France, comme l’helléniste Cobet transposait en attique des textes ioniens ou doriens, c’est un jeu de philologues, excellemment joué par plusieurs, très séduisant, mais arbitraire, puisque nous ignorons si le poète n’a pas écrit en une langue plus ou moins imprégnée d’influences dialectales.

La copie d’Oxford est unique, elle est notre seul bien tangible, réel. J’ai accepté ce fait en sa plénitude. J’ai donc résolu de respecter l’usage du copiste anglo-normand, et j’ai été maintenu dans ce parti-pris, à toutes les heures de notre commun travail, par l’autorité, par l’aide et le conseil de mon ami, cher entre tous, M. Lucien Foulet. Cette attitude respectueuse ne m’a