Page:Belon - L’histoire naturelle des estranges poissons marins.djvu/12

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Egyptiens, Perses, Syriens, ont opinion que la chair du Daulphin leur soit deffendue, d’autant qu’elle ressemble a celle d’un porceau. Et que le porceau estant defendu en leur loy, semblablement tiẽnẽt que telle chair du Daulphin leur soit defendue : aussi n’en mangent ils point.

VI.

Raison pourquoy les Iuifs f’abstiennent de manger du Daulphin.

EN cas pareil les Iuifs en quelque part de la terre qu’ils soient, ne mãgent point le Daulphin, ne des autres poissõs qui soyent de ces especes. Car quand a euls qui sont observateurs des cõmandements de Moyse, il ne leur est licite de manger poisson qui ne ayt des escailles. Par ainsi ils ne pourroient manger du Daulphin sãs transgresser leurs commandements : aussi n’en mangent ils poĩt, car il n’ha point d’escailles.

VII.

Preuve par demonstration, que les Italiens non plus ceuls qui sont en terre ferme, que ceuls qui habitent aus rivages ne mangent point du Daulphin.

I’AY desia nommé beaucoup de nations, qui ne mangent point du Daulphin, ne aussi des autres qui luy sont semblables, desquelles nations ie n’ay rien escript touchant le Daulphin, que moymesme ne l'aye entendu en estant en leur pais, & aussi cogneu par experience. Mais pour ne parler de si loing, ie puis dire semblablement, qu’il y a plusieurs gents en Italie, qui n’en veulent point manger. I’ay dict raison vray semblable pourquoy toutes les autres nations n’en mangent point : mais a ceste ci ie n’en ay point, ny ne scay pourquoy ils le font, sinon que pour exemple, i’ay esté long temps coustumier de descendre par eaue de Padoue, me partant touts les iœudis au soir, & selon la coustume du pais, & m’estant embarqué dessus la Brẽte, allant toute nuict le bateau se trouvoit a Venise le vendredi matin, ou ie demouroie tout le iour, observant les poissons qu’on avoit apportez de touts costez au marché : aussi y aiant esté residẽt les quaresmes entiers, ay souvent demandé a touts les pescheurs s’ils vendoiẽt iamais du Daulphin, mais touts m’ont asseuré qu’ils n’avoiẽt souvenance que iamais ils eussent veu un seul Daulphin apporté a Venise, ne qu’on y en eust iamais vẽdu. Et qu’il ne soit vray, mõsieur Daniel Barbar l’un des pl doctes gẽtils hõmes de Venise,