Page:Belon - L’histoire naturelle des estranges poissons marins.djvu/49

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de la grandeur des aisles, comme les autres poissons : mais il est seulemẽt aidé de la pesãteur de sõ corps, car les aisles ou pinnes qu’il ha, sõt moult perites au regard de la proportiõ de son grãd corps, qui est moult gros & lourd & pesant & toutesfois, il n’y ha oyseau en l’air qui volle si viste, qu’il va en la mer. Ie puis donc prouver, que ce ne sont pas les grandes aisles, qui dõnent la grãd vistesse aux gros poissons, car si cela estoit vray, les Hirondelles, & les Milans de mer, seroient plus vistes que les Daulphins, car d’une de leurs aisles l’on en couvriroit bien l’aisle d’un Daulphin, & toutesfois les Daulphins avec leurs petites aisles, sont les plus vistes des poissons.

XXXVIII.

Que les histoires anciennement racõptees des Daulphins, sont encor pour le iourd’hui en la memoire des hommes, es pais du levant, quasi comme si elles estoient freschement faictes depuis huict iours.

IL reste encor quelque point a dire des histoires qu’on avoit anciennemẽt recitees des Daulphins, dõt plusieurs sont pour l’heure presente racomptees par les habitants du pais d’Albanie & Esclavonie, ou l’on dict qu’elles furent faictes en sorte qu’il n’y a celui pour le iourd’huy qui ne les sache raconter, comme s’il n’y avoit pas un mois qu’elles en ont esté faictes. Chose que nous scavons estre vraye par le recit des habitants de l’isle de Corsula, & de ceuls des rivages de Grece & d’Albanie, ou il n’y ha paisãt qui ne sache racõpter l’histoire de celui Daulphin qui venoit prendre la mengeaille es mains des gents du pais, & adioustent d’avantage que plusieurs d’entre euls qui sont encor vivants l’ont manié, tant il estoit privé : & qu’il portoit sur son dos ceuls qui alloient nouer en la mer, se iouant avec euls, & qu’il aimoit sur tout a se esbatre avec quelques ieunes garsõs : & aussi qu’il aidoit grãdemẽt aux mariniers a pescher : mais qu’il avoit esté tué il n’y ha pas lõg temps, & pour mieuls affermer la chose, on les oit dire en ceste maniere. Que le paillart qui luy avoit faict oultrage, fut n’agueres mis en quartiers, meurtri d’estrange maniere. Voila quant a l’une des fables ou pour mieuls dire histoire tãt anciẽne qui sera