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De Bensserade.

Et pleure pou jamais ta liberté mourante
Je ne ſuis point jaloux de ton repos commun,
Mais la Reine des Rois en doit reſ‍pecter un,
Il faut que je commande aux lieux qu’un Tybre lave,
350Et qu’un ſuperbe enfant tienne ſa mere eſclave,
Que ce vaſ‍te univers n’obeyße qu’à moy,
Que le Ciel ait des dieux, mais la terre un ſeul Roy,
Et je veux dans ces murs élevez par Romule
Voir en moy le ſuccez des grands deßeins de Jule :
355Agrippe, dont l’avis n’es‍t jamais rejetté,
Fay-je en ce projet noble une temerité ?

Agrippe.

En de plus hauts deßeins vous n’en pourriés pas faire,
„ Qui peut auttant que vous n’eſ‍t jamais temerair,
Vos plus forts ennemis en vain ont eßayé
360De ſuivre le chemin que Ceſar a frayé.
Ils ont tous éprouvé dans leur injuſ‍te guerre
Qu’il n’apartient qu’à vous de gouverner la terre,
Et ces ambitieux qui ſuivoient vos projets
S’ils n’étoient morts vaincus, ne vivroient que ſujets :
365Antoine eſ‍t le dernier de qui l’orgeuil s’obſ‍tine,
Et qui veut ſubſ‍iſ‍ter meſme dans ſa ruine,
Mais ce nouveau ſucçés luy fera confeßer

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