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pas à moi et à ma compagnie de chevaliers de nettoyer Heort. J’ai entendu dire que le monstre, dans son assurance, ne faisait aucun cas des armes, mais je t’affirme, par la faveur de Hygelac, mon seigneur, dont je jouis, que je dédaignerai de porter l’épée ou le large bouclier contre Grendel : c’est avec mon poing que je veux saisir l’ennemi et combattre l’implacable combat. Celui que la mort enlèvera croira à la puissance de Dieu. Je pense que si Grendel est vainqueur il voudra dévorer les hommes de Gothie comme il a dévoré souvent l’élite des Hrethmen. Tu n’as pas besoin de me donner de garde7 mais, si je meurs, Grendel voudra emporter mon cadavre sanglant, il consommera mes restes sans regret et il marquera les marais de mon sang8. Ne t’attriste pas longtemps sur mon massacre. Envoie à Hygelac, si je péris dans le combat, la meilleure des cottes de mailles, celle que porte ma poitrine : c’est un héritage de Hrædla, un travail de Weland9. Le sort est toujours le maître ! »

VIII

Hrothgar roi des Scyldingas parla ensuite :

« Tu es venu, mon cher Beowulf, combattre pour notre défense1 et nous apporter le salut. — Ton père livra autrefois un combat terrible : il tua Heatholaf chez les Wylfingas2 ; les Wederas3 refusèrent de le recevoir à cause de cette action. Il vint de là, à travers les flots, visiter les Danois du Sud. J’étais jeune alors et je venais prendre les rênes du gouvernement des Danois ; Heregar4 mon frère aîné, le fils de Healfdene, était mort (il était meilleur que je ne suis !). — Plus tard je composai pour ce meurtre ; j’envoyai des objets de prix, par dessus la mer, aux Wylfingas. Ecgtheow me prêta serment. — J’ai peine à dire à qui que ce soit l’humiliation que Grendel m’a causée dans Heort. Les rangs de mes compagnons se sont éclaircis : le destin les a livrés à la haine du monstre. Dieu peut empêcher sans peine ce téméraire de com-