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LA PLAINTE DE DEOR


La Plainte de Deor


Weland connut amèrement l’exil,
le vaillant comte souffrit de la peine,
il eut pour compagnons le chagrin et le désir,
des courses errantes par froid hivernal ; souvent il endura malheur,
après que Nithhad l’eut lié par la nécessité,
eut coupé les tendons de l’homme meilleur que lui.
Cela, il le surmonta[1], ainsi pourrai-je ceci.

Pour Beaduhild la mort de ses frères ne fut pas
si dure à son cœur que son propre cas,
10 quand elle eut clairement compris
qu’elle était enceinte ; jamais elle ne put
penser hardiment à ce qui devrait en advenir.
Cela, elle le surmonta, ainsi pourrai-je ceci.

Nous avons appris de plusieurs l’infortune de Maethhilde.
Des nobles de Geat furent privés de leurs terres
en sorte que la tristesse leur ôta tout sommeil.
Cela, elle le surmonta, ainsi pourrai-je ceci.

Théodoric occupa trente hivers
le bourg des Merings ; ceci fut connu de plusieurs.
20 Cela, il le surmonta, ainsi pourrai-je ceci.

Nous avons ouï dire d’Eormanric
la pensée de loup cruel. Il dominait le vaste peuple
du royaume des Goths. Ce fut un roi farouche.
Maint homme était assis lié par les chagrins
dans l’attente du malheur ; il souhaitait bien
que la fin de ce règne fût arrivée.
Cela, il le surmonta, ainsi pourrai-je ceci.

Quelqu’un est assis chargé de soucis ; privé de bonheur,
il s’afflige en esprit ; il pense à part lui
30 que la portion des peines est infinie,
Alors il peut réfléchir que par ce monde
le Sage Seigneur s’en va bien souvent ;
Il montre Sa faveur à maint comte,
une prospérité assurée, à d’autres une part de maux.


  1. Sweet traduit : « Ce chagrin est passé ».