Page:Beowulf et les premiers fragments épiques anglo-saxons, trad. Thomas, 1919.djvu/61

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à bout de leur ennemi par la force d’un seul [homme],
700 par sa puissance personnelle ; la vérité est renommée,
[à savoir] que le puissant Dieu a de tout temps
gouverné la race des hommes. Dans la nuit sombre
le marcheur des ténèbres vint se glisser. Les archers étaient assoupis,
qui devaient garder ce bâtiment à cornes,
tous sauf un seul. Cela fut connu aux mortels,
que l’ennemi constant, lorsque la Divinité ne [le] voulait pas,
ne pouvait les précipiter sous les ténèbres ;
mais lui veillant, indigné contre l’[être] hostile,
attendit, furieux d'humeur, l’issue du duel.


XI.


710 Lors du marais, sous les pentes brumeuses,
Grendel vint s’avançant, il portait le courroux de Dieu[1] ;
le vil ennemi cruel s’imaginait prendre au piège
quelqu’un de la race humaine dans cette haute salle.
Il marchait sous les nuages vers l’endroit où il savait
fort bien [qu’il y avait] le bâtiment du vin, la salle d’or des hommes,
brillante de plaques d’or ; ce n’était pas là la première fois
qu’il allait trouver le logis de Hrothgar.
Jamais auparavant ni plus tard dans ses jours vécus
il ne découvrit plus hardis gaillards, vassaux de salle.
720 Lors le guerrier vint au bâtiment en sa course
privé de joies ; bientôt la porte s’ouvrit
attachée par des barres forgées au feu, après qu’il l’eût touchée de ses paumes ;
lors pensant à mal il [l’]enfonça, lorsqu’il fut gonflé de rage,
la bouche du bâtiment. Après quoi rapidement
l’ennemi foula le parquet éclatant[2],
il s’avança courroucé d’humeur ; de ses yeux sortait,
très semblable à une flamme, une lumière laide.
Il vit dans le bâtiment maints guerriers,
une compagnie de parents tout ensemble assoupie,
730 une poignée de guerriers apparentés. Lors son humeur exulta ;
il s’imagina qu’avant que vint le jour il séparerait,
être monstrueux terrible, la vie de chacun [d’eux]
de [son] corps, lorsqu’il lui fut survenu
espoir de repas abondant. Lors ce ne fut pas de nouveau la destinée
qu’il pût dévorer plus de [membres de] la race humaine

  1. Ou « le courroux… reposait sur [lui] ».
  2. Ou « le pavé multicolore ».