Page:Beowulf et les premiers fragments épiques anglo-saxons, trad. Thomas, 1919.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’ami des Scyldings me récompensa grandement
en or battu, de cet assaut de carnage,
en maints objets précieux, après que le matin fut venu
et que nous fûmes assis au banquet.
Là il y eut chant et gaîté. Le vieux Scylding
demandant beaucoup [de choses], narra de loin[tains récits] ;
parfois un brave guerrier fit entendre[1] la harpe enchanteresse,
le bois joyeux, parfois il rappela une histoire
vraie et triste ; parfois c’est un conte étrange
2110 que narra adroitement le roi au cœur généreux ;
parfois encore lié par la vieillesse,
un vieux guerrier combattant se prenait à déplorer
[sa] jeunesse, [sa] vigueur à la bataille ; [son] cœur[2] s’agitait
en dedans, quand âgé par les hivers, il se rappelait nombre[3] [d’événements].
Ainsi là en dedans [du palais] pendant l’interminable jour
nous primes [notre] plaisir jusqu’à ce qu’une autre nuit
survînt pour les mortels. Lors rapidement après [cela]
la mère de Grendel fut prête à la vengeance,
elle marchait pleine de chagrin ; la mort enleva [son] fils,
2120 la haine guerrière des Weders. La monstrueuse femelle
vengea son enfant, elle tua un [chef] militaire
avec courage ; lors l’existence fut prête à quitter
Aeschere, vieux conseiller[4] prudent. Ils
ne purent non plus, les gens des Danois, après
que le matin fut venu, consumer en [le] brûlant
l’[homme] lassé par la mort, ni charger sur le bûcher
l’homme chéri ; elle emporta le corps dans
[son] étreinte ennemie sous le torrent de montagne.
Ce fut pour Hrothgar la plus amère des afflictions,
2130 de celles qui avaient longtemps atteint le chef de la nation.
Lors, l'humeur attristée, le souverain me supplia
par ta vie pour que, dans le remous aqueux,
je fisse prouesse de comte, je risquasse mes jours,
j'exécutasse des actions d’éclat ; il me promit un prix.
Lors, comme il est connu au loin[5], je trouvai
la farouche, la terrible gardienne du fond [marin].
Là pour un temps nous eûmes tous deux un corps à corps ;
la crête d'eau bouillonna de sang frais, et j'ai tranché
dans cette salle du fond la [tête de la] mère de Grendel

  1. Mot à mot : salua.
  2. Mot à mot : son sein.
  3. Mot à mot : s’en rappelait le nombre.
  4. Mot à mot : conseiller de jadis.
  5. Mot à mot : au large.