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XI

« L’arbre abrite et nourrit l’homme qui se défend !
« Amènera qui veut sa femme et son enfant,
« Car la femme au combat n’est plus que la femelle ;
« Elle anime le mâle et charge les fusils,
« Et le sang qu’elle verse en allaitant ses fils
« Donne un goût de vengeance au lait de sa mamelle !


XII

« Donc en forêt ! » — À peine il achevait ces mots,
Voilà que le tocsin pleure sur les hameaux,
Et, que sous le portail ébranlé du vieux temple,
Le curé, soulevant une croix, apparaît,
Et se met à marcher, grave, vers la forêt !…
— C’était plus qu’un sermon, cela, c’était l’exemple !


XIII

Il montait, à pas lents, toussant dans le brouillard.
Tous le suivent ! Tous vont où s’en va le vieillard !…
Le bourg abandonna sa misère au pillage,
Et, quand tout disparut au tournant du coteau,
La forêt referma les plis de son manteau,
Et puis la solitude entra dans le village !